L'équipe d'Artitude

L'équipe d'Artitude
Anne-Laure, Cédric, Dominique, Fany, Madeleine, Olivier, Vincent, Yannick et les autres ... vous souhaitent la bienvenue. Notre plaisir sera dans l'accompagnement de vos sorties en raquettes à neige. Randonnées en raquettes, balades et commentaires sur les lieux traversés, tels sont nos compagnons de marche en raquettes.

La poésie de la montagne

Ou quand la nature nous parle ...

La poésie est à la vie ce que la couleur est à l'image.


Soirée hivernale

Quand je regarde les flocons tout blanc
Dans leur chute bousculés par le vent
Comme virevoltent les fleurs de coton
Iront se poser tout autour et sur le pont

Tant cette blancheur dessinera un décor
Que les glaçons refléteront du soleil l'or
Lorsque ce seigneur disparaîtra du jour
Bien heureusement pas pour toujours

Qu'il est beau le dessein de cette dentelle
De sa découpe habile naissent les épicéas
D'un profond bleu nuit imprégné dans la soie
Rendent aux heures du soir une beauté éternelle

Cette dentelle si fine est un dessein de glace
De la prise acérée du froid crépusculaire
Et pétillent les lumières des étoiles dans l'espace
Image de ce décor féerique de l'hiver 
Vincent


Poésie en l'honneur de la nature,
Avec le coeur, au fil des saisons, 
Pensées venant de la forêt ou des pâtures,
Avec pour amis chamois et mouflons.

Poésie de la belle et brute montagne
Dévoilant la douceur des mots,
Nourrie de la chanson du ruisseau,
Et de la rudesse du furieux paysage.


Une coccinelle m'a dit :

"Les champignons poussent dans les endroits humides. C'est pourquoi ils ont la forme d'un parapluie." Alphonse Allais


Les saisons avancent chaque jour
Et la beauté de la nature en apporte un éclat chaque fois




Poème dont la suite s'écrit au fil des jours ...



A une fleur (Alfred de Musset)

Que me veux-tu, chère fleurette,
Aimable et charmant souvenir ?
Demi-morte et demi-coquette,
Jusqu'à moi qui te fait venir ?

Sous ce cachet enveloppée,
Tu viens de faire un long chemin.
Qu'as-tu vu ? Que t'a dit la main
Qui sur le buisson t'a coupée ?

N'es-tu qu'une herbe desséchée
Qui vient achever de mourir ?
Ou ton sein, prêt à refleurir,
Renferme-t-il une pensée ?

Ta fleur, hélas ! a la blancheur
De la désolante innocence ;
Mais de la craintive espérance
Ta feuille porte la couleur.

As-tu pour moi quelque message ?
Tu peux parler, je suis discret.
Ta verdure est-elle un secret ?
Ton parfume est-il un langage ?

S'il en est ainsi, parle bas,
Mystérieuse messagère ;
S'il n'en est rien, ne réponds pas ;
Dors sur mon coeur, fraîche et légère.

Je connais trop bien cette main,
Pleine de grâce et de caprice,
Qui d'un brin de fil souple et fin
A noué ton pâle calice.

Cette main-là, petite fleur,
Ni Phidias, ni Praxitèle
N'en auraient pu trouver la soeur
Qu'en prenant Vénus pour modèle.

Elle est blanche, elle est douce et belle,
Franche, dit-on, et plus encore ;
A qui saurait s'emparer d'elle
Elle peut ouvrir un trésor.

Mais elle est sage, elle est sévère ;
Quelque mal pourrait m'arriver. 
Fleurette, craignons sa colère.
Ne dis rien, laisse-moi rêver.




Le merle (Théophile Gaultier)

Un oiseau siffle dans les branches
Et sautille, gai, plein d'espoir,
Sur les herbes, de givres blanches,
En bottes jaunes, en frac noir.

C'est un merle, chanteur crédule,
Ignorant du calendrier,
Qui rêve au soleil, et module
L'hymne d'avril en février.

Pourtant il vente, il pleut à verse ;
L'Arve jaunit le Rhône bleu,
Et le salon, tendu de perse,
Tient tous ses hôtes près du feu.

Les monts sur l'épaule ont l'hermine,
Comme des magistrats siégeant.
Leur blanc tribunal examine
Un cas d'hiver se prolongeant.

Lustrant son aile qu'il essuie,
L'oiseau persiste en sa chanson,
Malgré la neige, brouillard et pluie,
Il croit à la jeune saison.

Il gronde l'aube paresseuse
De rester au lit si longtemps
Et, gourmandant la fleur frileuse,
Met en demeure le printemps.

Il voit le jour derrière l'ombre, 
Tel un croyant, dans le saint lieu,
L'autel désert, sous la nef sombre,
Avec sa foi voit toujours Dieu.

A la nature il se confie,
Car son instinct pressent la loi.
Qui rit de ta philosophie,
Beau merle, est moins sage que toi !



La neige (Emile Verhaeren)

La neige tombe, indiscontinûment,
Comme une lente et longue et pauvre laine,
Parmi la morne et longue et pauvre plaine,
Froide d'amour, chaude de haine.

La neige tombe, infiniment,
Comme un moment -
Monotone - dans un moment ;
La neige choit, la neige tombe,

Monotone, sur les maisons
Et les granges et leurs cloisons ; 
La neige tombe et tombe
Myriadaire, au cimetière, au creux des tombes.

Le tablier des mauvaises saisons,
Violemment, là-haut, est dénoué ;
Le tablier des maux est secoué
A coups de vent, sur les hameaux des horizons.

Le gel descend, au fond des os,
Et la misère, au fond des clos,
La neige et la misère, au fond des âmes ;
La neige lourde et diaphane,

Au fond des âtres froids et des âmes sans flamme,
Qui se fanent, dans les cabanes.
Aux carrefours des chemins tors,
Les villages sont seuls, comme la mort ;

Les grands arbres, cristallisés de gel,
Au long de leur cortège par la neige,
Entrecroisent leurs branchages de sel.

Les vieux moulins, où la mousse blanche s'agrège,
Apparaissent, comme des pièges,
Tout à coup droits sur une butte ;

En bas, les toits et les auvents
Dans la bourrasque, à contre vent,
Depuis Novembre, luttent ;

Tandis qu'infiniment la neige lourde et pleine
Choit, par la morne et longue et pauvre plaine.
Ainsi s'en va la neige au loin,
En chaque sente, en chaque coin,

Toujours la neige et son suaire,
La neige pâle et inféconde,
En folles loques vagabondes,
Par à travers l'hiver illimité monde.



En hiver ( Emile Verhaeren)

Le sol trempé se gerce aux froidures premières,
La neige blanche essaime au loin ses duvets blancs,
Et met, au bord des toits et des chaumes branlants,
Des coussinets de laine irisés de lumières.

Passent dans les champs nus les plaintes coutumières,
A travers le désert des silences dolents,
Où de grands corbeaux lourds abattent leurs vols lents
Et s'en viennent de faim rôder près des chaumières.

Mais depuis que le ciel de gris s'était couvert,
Dans la ferme riait une gaieté d'hiver,
On s'assemblait en rond autour du foyer rouge,
Et l'amour s'éveillait, le soir, de gars à gouge,
Au bouillonnement gras et siffleur, du brassin
Qui grouillait, comme un ventre, en son chaudron d'airain.


Nous irons tous deux... (Vincent Muselli)

Nous irons tous deux, écartant l'ortie et les fougères,
Dans les jardins où pleuvent, en traits longs et fins, les pleurs
De la lumière, où sont les jets d'eau danseurs et, légères,
Les hautes pelouses s'enivrant d'oiseaux et de fleurs.

Entrons, beaux amoureux dans cet ermitage de gloire !
Gagnons-y notre place et faisons-nous un corps pareil
Aux choses, nous, délivrés de l'heure et de la mémoire,
Lucides dans le magnifique opium du soleil.

Nous y serons heureux comme les Anges et les Bêtes,
Sans lien, sans espoir, dont l'instant seul comble l'esprit ;
Regrets, chagrins insidieux, holà, vaines tempêtes !
Notre coeur, par delà les désastres, navigue et rie.

Le jour, joyeux et parfumé, chante dans mille abeilles,
Les bassins, les gazons émus sont luisants de désir ;
Le bonheur pèse ainsi qu'un sommeil lourd, et les corbeilles
Scellent la terre et l'air des rouges cachets du plaisir.

La brise vole et joue et déploie une souple soie
Caressante, le ciel brille entre les feuilles, si pur !
Liberté, Liberté ! L'universel midi flamboie,
Et cet apaisement tout rempli d'ailes et d'azur !




La maison des glycines (Emile Despax)

Dans le ciel bleu le jour va naître,
Il fait très doux ;
L'aube blanchit votre fenêtre
Eveillez-vous !

Voyez : la ligne des collines
Est d'or, là-bas ;
Ecoutez au fond des glycines
Et des lilas,

Ecoutez au profond des treilles,
Et des roseaux,
Ecoutez toutes les abeilles,
Tous les oiseaux.

La vie est là qui vous appelle,
Voyez : tout luit.
La vie est là, la vie est belle,
Souriez-lui.




La vie qui va

Fini le geste lent du faucheur,
Le parfum du foin qui descend de la grange,
Fini le laboureur et sa charrue
Qui tourne et retourne la terre.

Bonjour tracteurs et transporters,
Ensillage, balles rondes ou rectangulaires,
Bonjour exploitations compétitives,
Rentabilité, argent, gain de temps.

Fini les veillées de village,
Les histoires au coin du feu,
Les enfants, les parents et les vieux,
Fini les interpellations en patois.

Bonjour madame la télé,
Le frigidaire, la machine à laver,
Bonjour le téléphone portable,
La voiture, l'ordinateur, l'eau potable.

Fini les kilomètres à pied pour la messe le dimanche,
Pour les commissions au marché du jeudi,
Fini les galoches à clous de l'écolier,
Effacés sont les sentiers, seule voie de communication.

Bonjour les randonnées pédestres,
La gymnastique volontaire,
Les découvertes interplanétaires,
Bonjour les avions, les fusées, les progrès scientifiques.

Pardon pour la misère,
Pour ceux qui crèvent de faim,
Pour ceux qu'on vole et qu'on assassine,
Pardon pour ceux qui ne croient à rien,
Pour le dieu argent numéro un,
Et pour ceux qu'on laisse au bord du chemin.




Souvenirs (Henri Molliex)

Paysan je suis né
Paysan je reste
Mes racines viennent de la terre
J'en suis fier

Très jeune je menais le troupeau
Dix chèvres et deux agneaux
A la lisière des bois
Avec la pluie, le soleil ou le froid

J'étendais le foin
Avec mes petites mains
Pendant que le soleil évaporait
La rosée du matin

J'étais le dernier
D'un foyer de petits propriétaires
Sans être chouchouté
Les jours étaient calmes et austères

Au milieu de la nature
Je baignais dans l'air pur
L'oxygène des sapins
Les oiseaux comme réveil matin

Pour apaiser la faim
A la première heure
Du pain et du beurre
Du lait dans un bol trop plein

C'était du pain noir
Gardé dans le tiroir
Du pain de notre seigle
Comme c'était la règle

Les temps ont bien changé
Les gens sont agités
Ils courent pour rien faire
Plus rien semble leur plaire

Mais où sont les dix chèvres ?
Ne sais-tu pas pauvre être
Que le progrès les a afit disparaître
Un autre monde est en train de naître

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